
Pervitin est sorti du bois en 2020 avec quatre titres sacrément sulfureux, puis, en 2022, il a enchainé avec un mini-LP composé de six brûlots. Nous étions impatients de voir comment le quatuor allait se comporter après des débuts aussi prometteurs. Force est d’admettre que le résultat dépasse largement nos espérances.
Dès l’intitulé de l’album emprunté au titre d’une chanson, Demons, le ton est donné. On embarque en plein cœur du bayou situé entre Brooklyn et Manhattan, dans une zone placée en vigilance orange par les autorités fédérales pour cause de radioactivité anormalement élevée, là où grouillent des alligators grincheux et des rednecks édentés aux chapeaux de paille élimés, où on se laisse volontiers dépouiller dans un speakeasy au comptoir usé, où on assiste à une messe vaudou improvisée dans la cour intérieure d’un immeuble vétuste, où on franchit le carrefour de Clarksdale comme une fleur à hauteur de la 23ème rue, entre la 7ème et 8ème Avenue.
Demons nous entraine là où le bon sens nous recommande de ne pas aller, mais où notre conscience, elle, nous incite à nous rendre pour goûter aux plaisirs défendus de la fée électricité.
La chanson « Latest Nightmare » résume parfaitement l’état d’esprit du groupe, entre no-wave et swamp rock, entre Stooges, The Troggs, Suicide, Beasts of Bourbon, Chrome Cranks, Cheater Slicks, Gun Club et Dum Dum Boys. À l’occasion de l’envoûtante « DOTD », le sax rampe entre les oreilles pour ronger le cerveau.
La version de « The Living End» empruntée à Jesus & Mary Chain est marquée au fer rouge, à cet instant, Pervitin franchit le Rubicon, plus aucun retour à la raison n’est possible et d’ailleurs, quand le groupe s’attaque à Alan Vega en dépeçant « Kung Foo Cowboy » en toute fin d’album, la question est de savoir comment il s’en remettra. Demons est tout bonnement prodigieux. Les neuf titres sont puissants et intenses, néanmoins, Pervitin a estimé qu’ils ne suffisaient pas à satisfaire l’appétit des gourmets. Le groupe en a profité pour ajouter trois morceaux supplémentaires : la superbe « Constantly Wrong » datant du premier EP, revue à la hausse dans une version atomique, un remix de la reprise d’Alan Vega avec le sax reptilien et, troisième titre, l’inédit « Short Chill », un hymne stoogien aux cuivres staxiens, un tube absolu, mais peut-être trop rhythm’n’blues pour trouver sa place dans l’album, qu’importe, la chanson est taillée pour faire un joli single.
​

Avec Demons, Pervitin capte toutes les énergies du rock puisées directement à la source du blues. Demons est si viscéralement rock qu’on peut le tordre dans tous les sens, on peut l’aborder par n’importe quel bout, l’écouter à l’envers, à l’endroit, à la vitesse de 33 tours par minute ou de 45, il conservera toujours son format initial, il est indéformable, inoxydable, imputrescible ; c’est du rock, point, ne cherchez pas plus loin.
​
Patrick Foulhoux
​(Rollling Stone, Rock Sound, X-Rock...)
Egalement auteur de Les Thugs : Radical History
Hache tendres & gueules de bois​​​​
​Le groupe entre au studio Supadope (Lyon). Il enregistre pendant une semaine sous les manettes de Chris et 13 titres sont mis en boite, dont deux reprises. Il invite Seb (Los Monstros) pour arranger et jouer avec une section cuivre sur deux titres (Constantly Wrong Redux et Short Chill), invite Madsaxx (Ukandanz, No Suicide Act) sur deux autres dont la reprise Kung Foo Cowboy (A. Vega) et va chercher Lula Borgia (Venin Carmin) pour un duo sur The Living End (JAMC). Le mix est confié à Chris. Onze titres sont gardés, neuf pour l’album. L'ensemble est masterisé au Blackbox studio. C’est de nouveau Bruno Biedermann de Dangerhouse Skylab qui répond présent et sollicite Didier Balducci (Dum Dum Boys, XYZ) de Mono-Tone records pour une coproduction. L'illustration de la pochette est confiée au tatoueur François Guyon.








Supadope fev. 2023 - credits J.O. Païssé & Y. Ducreux